Introduction | comment écrire un livre : la triade imagination, motivation et organisation
Comment écrire un livre ? C’est une question à laquelle beaucoup d’autrices et d’auteurs sont confronté.es après avoir trouvé une idée d’intrigue et écrit quelques mots dans un carnet ou un logiciel de traitement de texte. Des personnages prennent vie, des scènes se dessinent, tout semble là, à portée de clavier… Mais on a vite fait de s’égarer dans toute cette matière et les méandres de son imagination… et de perdre le fil conducteur, voire la motivation !
Combien d’histoires avez-vous commencées sans jamais les terminer ? Et quels étaient vos freins ? Le manque de temps, la perte de motivation, l’essoufflement de l’intrigue, l’envie de claquer vos personnages, l’impression d’être dépassé.e par l’ampleur de la tâche… ? (entourez la ou les bonnes réponses 🧐)
Mais au fait, quand vous avez commencé à écrire votre livre, saviez-vous vraiment où vous alliez ? Car souvent, le véritable problème, caché derrière un ou plusieurs freins à l’écriture, c’est tout simplement un manque d’organisation.
Je vous propose, dans une série de trois articles, des conseils pour améliorer votre organisation, que ce soit au niveau de votre processus d’écriture que dans l’écriture elle-même, et une liste d’éléments à garder en tête tout au long de la construction de votre livre.
Bien sûr, ces articles s’adressent à toutes et tous, que vous souhaitiez publier votre livre en autoédition ou via un éditeur ; que vous ayez 1000 idées à la seconde (ou pas), une seule intrigue en tête ou juste envie d’écrire sans trop savoir comment vous y prendre pour démarrer 😄
👉 Retrouvez les trois articles de la série :
* Construire sa routine d’écriture : les étapes clés avant de se lancer dans l’écriture
* Organiser l’écriture de son livre : les bonnes questions à se poser
* Améliorer sa pratique de l’écriture : les points d’attention
Construire sa routine d’écriture : les étapes clés avant de se lancer dans l’écriture
Comme je l’écrivais en introduction, il est plus facile de rester motivé.e sur le long terme lorsqu’on a une bonne organisation, et ce quel que soit le projet. Mais qu’est-ce qu’une bonne organisation ? Pour moi, il s’agit d’un cadre que l’on se donne pour éviter de partir dans tous les sens. Ce cadre ne doit pas être trop souple ni trop rigide, car dans un cas comme dans l’autre, on a vite fait d’en sortir (je sais de quoi je parle 😅).
L’organisation, c’est quelque chose qui évolue avec le temps, qui s’adapte à nos changements de vie, de vision, d’habitudes… Chaque projet a besoin d’une organisation qui lui est propre, même s’il me semble que le cœur de celle-ci reste le même, dans cette logique qui nous correspond.
Bref, s’organiser, c’est finalement quelque chose de personnel, qui nécessite un certain nombre d’essais, de tâtonnements… Aussi, je vous invite vivement à tester plusieurs modes d’organisation pour vous construire une routine d’écriture qui vous ressemble et qui vous permette de tenir vos objectifs dans le temps, sans pour autant vous enfermer dans un carcan qui étouffe votre créativité (facile à dire, hein ? 😏)
Dans cet article, je vous propose quelques étapes clés qu’il me paraît intéressant d’inclure à sa routine d’écriture. C’est parti !
S’organiser au quotidien pour rester motivé.e sur la durée
Pour éviter de laisser passer trop de temps entre deux sessions d’écriture, d’être confronté.e à la page blanche et de ne pas avoir l’impression d’avancer dans l’écriture de son manuscrit, je vous conseille de :
🚦 Bloquer des plages horaires régulières dédiées à l’écriture
On a souvent la vision idyllique d’un auteur en train de noircir des pages sous le feu de l’inspiration et, pour se conformer à cette image (et à son esthétique romanesque), on est tenté.e d’attendre que l’inspiration vienne pour se mettre à écrire. Mais devinez quoi ? Ça peut prendre du temps d’écrire un livre avec cette méthode !
En fait, l’écriture, c’est comme le sport ou la musique : si l’on ne s’entraîne pas régulièrement, les progrès sont longs à venir. Et, que vous soyez en train d’écrire un manuscrit ou non, conserver un rythme d’écriture régulier est important pour garder de la fluidité, tant au niveau de l’écriture elle-même que de l’imagination. C’est une habitude à prendre et, si les premières séances sont parfois difficiles à exploiter, décourageantes, si « l’inspiration sur commande » ne vient pas, persévérez, cette « autodiscipline » finira par porter ses fruits (croix de bois, croix de fer… 😇)
Bien sûr, en dehors de ces rendez-vous réguliers avec vous-même, faites-vous plaisir lorsque l’inspiration vient spontanément !
Que vous soyez plutôt du matin ou du soir, partisan du calme d’un bureau ou profitant de chaque déplacement en train, le meilleur moment pour écrire reste incontestablement celui que vous prenez 😉
🚦🚦 Programmer en avance ce qu’on prévoit de faire
Pour éviter de ne pas savoir par quel bout attraper votre stylo ou votre clavier, de pinailler sur le choix de la scène à écrire ou à retravailler, ou encore de commencer quelque chose, puis de vous dire que ce n’est pas pour aujourd’hui, je vous conseille de construire un planning de travail qui vous permettra de prévoir d’une séance à l’autre ce que vous allez faire. Cela vous évitera de rester (trop longtemps) devant votre page blanche 😊
🚦🚦🚦 Se donner des objectifs réalistes pour avancer
Comme pour n’importe quel projet, il vaut mieux privilégier la technique des petits pas concrets que vouloir faire d’immenses bonds imaginaires. Pour vous fixer des objectifs réalistes, commencez par lister toutes les tâches à faire, puis à les séquencer en sous-tâches pour lesquelles il vous sera plus facile d’évaluer un temps de travail.
Je sais bien que lorsqu’il s’agit de création, il est difficile de savoir combien de temps l’on va mettre à écrire une scène ou un chapitre, et encore moins combien de temps on mettra à le retravailler. Et après tout, je n’en vois pas l’intérêt (sauf à vouloir faire des stats sur son rythme de travail pour s’autoflageller si mercredi a été moins productif que lundi ? 💀)
Néanmoins, savoir évaluer le temps nécessaire pour faire une recherche sur un point précis, ou encore dresser le portrait d’un personnage, permet tout simplement de caser ces tâches dans votre semaine et de prévoir, si c’est possible, de les réaliser en une fois.
De plus, cela vous permettra de voir si la durée de votre séance de travail idéale correspond à votre capacité réelle de concentration. Écrire pendant trois heures ou passer une journée aux archives est peut-être possible pour certain.es, mais pas pour tout le monde !
Enfin, si vous avez une date butoir précise à respecter (par exemple, la participation à un salon du livre), vous pourrez utiliser ces temps estimés pour faire un rétroplanning réaliste et savoir quand il faut commencer ou accélérer le rythme (soyez sympa avec vous-même et pensez à prévoir une marge pour les imprévus ou les cas de flemme aiguë 😘).
Faire un brainstorming pour mettre toutes ses idées sur papier
L’objectif ici est triple :
🧶 sortir les idées de sa tête pour ne pas les perdre. C’est effectivement très frustrant de se dire qu’on avait LA bonne idée d’intrigue ou LA clé à cette scène qui nous hante et qu’elle est retournée dans les Limbes des Idées Perdues 🤯
🎈 se sentir plus léger.ère. Car oui, les idées prennent de la place et, comme pour une boite mail, il est parfois nécessaire de faire le vide pour ne pas saturer sa « mémoire interne » et permettre à d’autres idées de nous parvenir. Ceci dit, je ne garantis pas l’arrêt total de vos insomnies 🥱
🎨 noter toutes les orientations que pourrait prendre l’intrigue (en tout cas, à cet instant, car bien entendu, si les auteurs n’avaient des idées qu’au stade du brainstorming, ça se saurait !). Le but est d’éviter, par manque de réflexion, de développer l’histoire dans un sens, pour se rendre compte, à l’étape de la rédaction, qu’une autre idée aurait été plus intéressante.
Je vous conseille de noter toutes les idées qui vous viennent sans vous censurer et, à la fin du brainstorming, de les réunir sur un seul support pour éviter les bouts de papier volants ou les notes de téléphone par milliers. Et si une idée vous vient en dehors du temps dédié à votre brainstorming, faites l’effort de la reporter sur votre document, vous vous remercierez plus tard 😏
🔔 Comment faire un brainstorming ? Si vous n’avez pas de grand tableau noir ou blanc chez vous, du papier et un crayon feront très bien l’affaire. Si vous aimez travailler debout, scotchez vos feuilles sur vos fenêtres avec du ruban de masquage et écrivez vos idées au feutre pour ne pas rayer vos vitres. Il existe également des feuilles blanches ou à carreaux qui se « collent » au mur grâce à l’électricité statique. Quel que soit votre choix, je recommande vraiment d’écrire à la main plutôt qu’à l’ordinateur pour stimuler davantage son imagination et ne pas être tenté.e de se censurer (il est si facile d’appuyer sur la touche « suppr » !) 🔔
Choisir son sujet et écrire sans penser à la suite
Vous serez sûrement surpris de ce conseil, si vous avez lu mes précédents articles sur l’organisation (calibrer son projet, choisir son modèle de publication, choisir le format de son livre, évaluer les coûts de son projet, connaître ses limites), dans lesquels je conseillais aux auteurs qui se lancent dans l’autoédition d’anticiper la communication de leur livre le plus en amont possible de sa parution.
Ce que je veux dire ici, c’est qu’au moment de votre brainstorming et au cours de l’écriture de votre manuscrit, vous serez peut-être tenté.e de choisir un sujet ou d’orienter votre intrigue en fonction de ce que vous supposez que les lecteurs ou les éditeurs ont envie de lire. Si l’intention n’est pas dénuée de bon sens, puisque nous vivons dans un système où l’offre doit répondre à la demande, je pense qu’il est nécessaire de réfléchir d’abord au plaisir d’écrire. Aurez-vous envie de faire des recherches, d’écrire et de retravailler un texte dont le sujet ou le genre ne vous intéressent pas ? Probablement que non. Comme on choisit son/sa partenaire ou ses ami.es, n’oubliez pas que vous allez passer de nombreuses heures en tête à tête avec votre texte et qu’il est important, pour garder la motivation tout au long du processus, de bien… le choisir !
Et on passera sur le fait que certains auteurs pensent déjà à l’adaptation de leur livre en film alors qu’ils n’en ont pas encore écrit une seule ligne ! Même s’il est important de rêver et que, effectivement, travailler certains passages comme des scènes d’action de film peut se révéler intéressant, il ne faut pas pour autant se couper de l’instant présent, à savoir l’écriture !
Décrire en quelques phrases simples l’intrigue principale de son livre
L’intrigue principale de votre livre s’apparente finalement à votre objectif d’écriture. Soyez précis.e concernant le contexte, le sujet, le propos que vous souhaitez mettre en avant. Si vous voulez par exemple écrire sur une période particulière de l’histoire (contexte général), il est nécessaire de situer votre action précisément si cela a de l’importance, de définir/d’expliquer ce que vous souhaitez démontrer ou mettre en lumière (un comportement particulier à une période donnée par exemple). Tous vos personnages, vos scènes, vos dialogues, etc. vont servir cette intrigue principale. Il est donc important qu’elle soit claire dans votre tête et, mieux, qu’elle le soit également sur papier 😊
Cette ligne directrice vous servira de boussole tout au long de la construction de votre livre et de sa rédaction. Elle vous permettra de garder le cap et de vérifier si les éléments que vous ajoutez sont bien au service de l’histoire.
Trier ses idées pour alimenter l’intrigue de son livre
Une fois toutes vos idées écrites noir sur blanc dans un document et votre intrigue principale clairement définie, il est important de trier vos idées pour savoir dans quelle case les ranger. Vont-elles vous servir à alimenter l’intrigue principale ? ou à créer une ou plusieurs intrigues secondaires ? Sont-elles plutôt en lien avec la construction des personnages, du contexte ?
Qu’on se le dise, toutes les idées que vous avez eues pendant la phase de brainstorming ne trouveront pas nécessairement leur place dans votre livre. Et ce n’est peut-être pas plus mal, non ? Pour autant, ne les effacez pas, car elles pourront peut-être vous être utiles pour un autre manuscrit 💡
Et comme vous êtes une personne organisée, ces idées rejoindront d’autres « idées en vrac » notées dans un traitement de texte ou un carnet (encore une fois : ne multipliez pas les supports !)
Construire un plan détaillé de son livre : déconstruire pour mieux construire
Vous avez le sujet, les personnages, les lieux et les péripéties de votre histoire en tête et vous avez noté les grandes lignes sur papier/traitement de texte. Maintenant, il faut aller plus loin et construire le plan détaillé de votre manuscrit en découpant l’histoire. Ces « morceaux d’intrigue » constitueront le cœur de vos chapitres/parties. Décrivez ce qui se passe, listez les lieux et les personnages en présence, mettez en valeur les moments essentiels de l’histoire, etc.
En plus de vous aider à construire votre livre, cette étape vous permet de vous rendre compte si une partie de l’intrigue manque de substance ou de clarté, si un personnage apparaît peu par rapport aux autres, ou encore s’il y a des incohérences majeures.
Je pense qu’à cette étape, il est intéressant de donner à vos chapitres un titre évocateur pour faciliter votre travail, titres que vous choisirez de conserver ou non par la suite.
Organiser ses recherches en amont de l’écriture
Que vous ayez besoin de faire des recherches pour un roman historique ou simplement pour vérifier certaines informations que vous souhaitez introduire dans votre manuscrit, il est important de planifier le plus possible vos sessions de recherches en amont de la phase d’écriture. Cela demande bien entendu de lister les points à chercher et les vérifications à faire au moment de la construction du plan d’écriture, mais il y a plusieurs avantages à anticiper cette phase :
🚩vérifier que votre intrigue ne comporte pas d’incohérence majeure (comme situer un bâtiment historique dans la mauvaise ville par exemple) ou mineure (êtes-vous sûr.e que Killian était un prénom donné dans les années 1950 en France ?)
🛑 ne pas vous sentir bloqué.e pendant la phase d’écriture
❌ ne pas gaspiller votre temps en vérifiant les éléments à mesure
⛔ ne pas perdre votre temps à construire votre intrigue ou à écrire des passages basés sur des faits erronés
Alors, que vous soyez un chercheur dans l’âme ou que vous n’aimiez pas vraiment ça, faites l’effort en amont de l’écriture de faire les recherches nécessaires. Il vaut mieux que vous vous rendiez compte d’une erreur historique ou d’une incohérence à cette étape que plus tard, ou pire : que ce soit le lecteur qui s’en rende compte une fois le livre imprimé 💔
Et bien sûr, croisez les informations, vérifiez vos sources et conservez-les pour pouvoir y revenir en cas de besoin… Mais ça, vous le saviez déjà 😎
S’autoriser à écrire les scènes qui viennent
Comme vous n’êtes pas un robot (a priori 🤖), vous allez probablement visualiser des scènes ou des répliques qui n’auront rien à voir avec la partie que vous êtes en train de travailler. Notez-les dans un document à part, elles vous seront peut-être utiles lors d’une autre séance d’écriture. Je vous conseille d’ajouter quelques indications destinées à votre « vous du futur » (👀) qui vous permettront de les placer plus facilement dans le livre (pourquoi cette scène, après quel événement, etc.) Si vous travaillez cette partie du manuscrit dans plusieurs mois, ces quelques infos pourront vous être très utiles.
De même, je vous conseille de centraliser tous ces « morceaux » de texte dans un même document avec un intitulé clair. Et, si vous utilisez Word, vous pouvez aussi donner des titres provisoires à ces scènes en leur appliquant un style « titre » afin de les retrouver plus facilement dans la colonne « navigation » du traitement de texte. Cela vous évitera de courir après vos mots !
S’autoriser à faire évoluer l’histoire en cours de route
Au fil de l’écriture, il est possible que votre intrigue, vos personnages ou encore vos scènes aient besoin d’évoluer et, ce faisant, s’éloignent un peu de votre script de départ. Bien entendu, il est important de suivre votre créativité, de laisser libre cours à votre imagination. Veillez simplement à garder en tête le cœur de votre intrigue et vérifiez que vous ne créez pas d’incohérences en apportant de nouveaux éléments ou en modifiant ceux existants.
Il peut être intéressant de reprendre votre plan détaillé pour ajouter les nouvelles informations et voir en quoi cela va impacter la construction du livre.
Conserver des versions antérieures de son texte
Quand on utilise un traitement de texte pour écrire, il est tentant de tout effacer lorsque ça ne nous plait pas, et c’est perdu. Ce que je vous propose, ce n’est pas de conserver tous ces passages « ratés » pour la postérité, mais simplement d’essayer de repérer les phrases ou les paragraphes « à sauver » et d’en faire un couper-coller dans un autre document de travail. Peut-être que cela vous resservira, peut-être que non, mais vous éviterez d’avoir la frustration d’avoir effacé des éléments un peu trop vite (le « ctrl Z » a ses limites 😪).
De même, lorsque vous sentez que votre intrigue prend une tournure « décisive », que vous avez fait un choix plutôt qu’un autre à un moment précis, faites en sorte de rendre ce passage facilement repérable. Si vous décidez finalement de donner une autre direction à votre intrigue, vous pourrez revenir plus facilement au point de rupture.
Et justement, si vous faites ce retour en arrière, je vous conseille vivement de conserver cette première version à part. Peut-être qu’au cours de l’écriture de votre livre, l’intrigue fera des bonds dans plusieurs directions, et je trouve personnellement intéressant d’avoir ces pistes non abouties sous la main pour alimenter d’autres textes ou tout simplement pour comprendre pourquoi ça n’a pas pu aboutir.
Enfin, identifiez correctement ces versions successives pour ne pas les confondre avec la version en cours et, au besoin, rangez-les dans un autre dossier. À la fin de l’écriture, vous pourrez évidemment faire un tri pour retirer les idées intéressantes et conserver uniquement la ou les versions qui ont un intérêt pour documenter votre travail d’écriture.
Se relire, se relire, se relire, se rel…
Je crois que tout est dans le titre 😁
Même si vos sessions d’écriture sont rapprochées, vous relire avant d’écrire vous permettra de vous replonger dans votre manuscrit. Bien entendu, vous n’allez pas relire l’intégralité du texte à chaque fois, mais faites l’effort de relire la scène, voire le chapitre, pour vous remémorer l’ambiance de l’instant et reprendre l’écriture dans cette veine. Oui, les sessions d’écriture se suivent mais ne se ressemblent pas, car elles dépendent aussi de votre état d’esprit qui, lui, est aussi changeant que la période des giboulées de mars.
Se relire, c’est aussi essayer de détecter ses tics de langage, les mots ou expressions qui reviennent trop régulièrement, les scènes redondantes… On apprend beaucoup de soi et de sa façon d’écrire en se relisant !
Cependant, n’oubliez pas d’être sympa avec vous-même. Certes, cette scène qui vous paraissait géniale sur le moment vous semble un peu faiblarde maintenant ; cette phrase géniale ne l’est peut-être pas tant que ça. Mais, de la même façon qu’un éclairage au néon rend tout le monde moche par rapport à la lumière naturelle, gardez à l’esprit que votre relecture sera toujours plus dure que celle d’un lecteur lambda. Et toutes les remarques acides que vous vous faites, vous ne les accepteriez pas d’une autre personne, je me trompe ?
Aussi, et sans pour autant vous voiler la face, essayez de rester objectif.ve et de relever aussi les points qui vous paraissent positifs, sans les minimiser.
Accepter l’idée que le premier jet sera à retravailler
Aussi génial.e que vous soyez, il y a fort à parier que la première version de votre manuscrit méritera d’être peaufinée, alors faites-vous tout de suite à l’idée et dites à votre fierté de prendre son mal en patience !
Vos relectures successives (et celles de vos bêta-lecteurs) vous permettront d’affiner l’intrigue, le rythme, les transitions… Vous allez écrire, effacer, retravailler certains passages, créer une nouvelle scène, en supprimer une autre, revoir un dialogue, dire adieu à un personnage… Votre manuscrit est à l’image de son autrice ou de son auteur : vivant.e. Ne vous privez pas de le retravailler car c’est à cette étape essentiellement que vous allez progresser.
Essayer d’écrire chaque scène en une fois
Lorsqu’on se met à écrire, on entre souvent dans un état particulier, une sorte de « flow » qui permet d’avancer avec élan (parfois au prix d’un effort surhumain 😅). On se met dans une bulle, une ambiance propre à la scène qu’on écrit. Et c’est cette ambiance, cette couleur, qu’il est parfois difficile de retrouver d’une session d’écriture à l’autre.
C’est pourquoi, dans la mesure du possible, je vous conseille d’évaluer le temps d’écriture nécessaire à la scène en cours et de bloquer un créneau vous permettant de l’écrire dans son intégralité. Bien sûr, par la suite, vous serez amené.e à la retravailler, mais l’essentiel sera fait.
Harmoniser son état d’esprit avec la scène à écrire
La façon dont on se sent a une influence sur notre écriture, que ce soit sur le rythme, le style de scène qu’on a envie d’écrire… Écrire une scène d’action lorsqu’on a peu d’énergie peut se révéler difficile comme, inversement, écrire une scène contemplative quand on déborde de vitalité.
Malgré les impératifs que l’on peut se fixer pour avancer comme prévu dans son planning, je pense qu’il est nécessaire de s’écouter pour pouvoir détecter à quel moment il est propice d’écrire telle scène ou description et, plutôt que de voir nos humeurs comme des freins, s’en servir pour s’ancrer davantage dans son écriture.
Se discipliner
Regarder une série au lieu de faire les recherches qu’on avait prévues, sortir avec des amis pour ne pas avoir à faire ses fiches personnages, passer l’aspirateur plutôt que d’écrire cette scène qui marque un tournant dans l’histoire…
Bref, il est facile de céder à l’appel des sirènes, surtout lorsqu’on est fatigué.e. Vous seul.e pouvez savoir si, à ce moment-là, cette absence de motivation a une excuse valable ou si c’est un cas de flemme aiguë qui ne passera qu’en… se mettant au travail ! Car oui, pour atteindre un état de flow, ce moment magique qui semble abolir temps, fatigue, stress, monde extérieur, il faut aller à l’encontre de soi-même parfois, persévérer. Et ça revient aussi à se battre contre lui, notre cerveau, ce qui n’est pas la chose la plus facile à faire, j’en conviens. Mais lorsqu’on en a conscience, c’est déjà un pas en avant, non ? 😎
Savoir s’arrêter, faire une pause
Pour tenir sur la durée dans l’écriture d’un livre, que ce soit à l’échelle d’une journée d’écriture ou de plusieurs mois, il est nécessaire de faire des pauses, de s’aérer, voire de faire un vrai break de plusieurs jours ou semaines.
N’attendez pas d’être au bout du rouleau ou de ressentir du dégoût pour votre manuscrit pour faire une pause, car la durée de ladite pause sera proportionnelle à votre ras-le-bol. Si vous souhaitez mettre une distance raisonnable entre votre manuscrit et vous, ne la faites pas durer trop longtemps car, comme avec un ami que l’on ne voit pas souvent, les retrouvailles peuvent s’avérer tendues, et les sujets vite s’épuiser.
Aussi, même si vous ne souhaitez plus avancer sur l’écriture de votre manuscrit pour le moment, je vous conseille de « prendre de ses nouvelles » régulièrement en relisant par exemple certains passages ou en réfléchissant à la suite prévue, aux blocages…
Cette pause peut d’ailleurs concerner uniquement l’écriture de ce manuscrit. Faites-vous plaisir en écrivant sur d’autres sujets, en traçant les contours de nouveaux projets, en variant les formes d’écriture (vous étiez plutôt versé.es dans l’écriture de romans, essayez les haïkus 🌷), en sortant de vos habitudes d’écriture, en changeant de lieu…
Et si vous ressentez carrément le besoin de faire un break avec l’écriture, faites-le.
Conclusion : chacun sa route, chacun son chemin
Il n’y a rien de linéaire dans ce processus de création car chaque partie alimente les autres. Une idée qui vous semblait à la marge de votre intrigue principale pourra par exemple constituer une intrigue secondaire qui viendra mettre un personnage en lumière, personnage qui, à son tour, soutiendra l’intrigue principale 🦚
Soyez prêt.e à faire évoluer votre intrigue principale et vos intrigues secondaires en même temps que vos personnages, restez dans la créativité. Néanmoins, même si l’on ne peut être garant de rien, si votre brainstorming a porté ses fruits, vous ne devriez pas avoir de retournement de situation exceptionnel, car vous avez théoriquement balayé l’ensemble des développements possibles.
👉 Retrouvez l’intégralité de ces conseils en consultant les trois articles de la série « Comment écrire un livre : étapes clés, gestion du temps, astuces… » :
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