J’ai terminé l’article de la semaine dernière en vous conseillant de vous remettre au travail après avoir fait lire votre manuscrit et (donc) reçu des avis dessus. Aujourd’hui, je vais nuancer les choses…
Petit aparté archivage
Une fois les critiques reçues, triées et digérées, il est en effet temps de retravailler votre texte. Si la réécriture est importante, je vous conseille de garder une version antérieure de votre document, en veillant bien à la nommer clairement (date, numéro de la version…) et de l’archiver dans un autre dossier pour éviter de vous mélanger les pinceaux. Vous n’allez bien entendu pas créer de nouvelle version pour chaque modification de ponctuation, mais je trouve intéressant de conserver une trace de l’évolution d’un texte (aujourd’hui, nous sommes complètement béat.es devant les carnets de travail de Proust… vous n’êtes pas Proust, et alors ?).
Fin de l’aparté archivage
Comme je l’évoquais à la fin de mon précédent article, écrire demande un travail considérable. Lorsque je travaillais en maison d’édition, j’ai eu la chance de réceptionner beaucoup de manuscrits destinés au comité de lecture. En jetant un œil aux lettres d’accompagnement, j’ai parfois été étonnée (pour ne pas dire souvent) par le fait que certains auteurs avaient écrit leur texte d’un jet, en deux ou trois semaines seulement. A contrario, de nombreux auteurs évoquaient des mois voire des années d’écriture et de très nombreuses relectures et réécritures de leur manuscrit.
Chacun.e a sa méthode de travail, et je respecte cela. Ces précisions m’ont toutefois questionnée sur la façon dont je percevais les manuscrits en fonction du temps de travail évoqué par leurs auteurs. Et j’ai constaté que, malgré la volonté de rester neutre, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir un a priori négatif sur les manuscrits dont les auteurs avaient fièrement évoqué l’écriture rapide (et l’envoi tout aussi rapide). Je n’étais bien entendu pas la seule à penser ça, et l’expérience me porte à croire que nous n’avions pas totalement tort de nous dire qu’un manuscrit qui n’a pas été laissé « en jachère » par son auteur, avant d’être relu au moins une fois, manque d’une certaine maturité. Mais je peux me tromper, et je n’exclus pas pour autant le génie littéraire de certain.es.
Tout est dans le paradoxe
Cependant, qu’il s’agisse d’un article de blog ou d’un manuscrit de 400 pages, à un moment donné, il est temps pour l’auteur d’arrêter de retravailler son texte (si possible, avant d’être à bout…) pour envisager sa publication – qu’il s’agisse d’envoyer son manuscrit à un éditeur ou d’enclencher le processus d’autoédition. Prévoir de nouvelles relectures et réécritures pour un texte déjà lu et relu par Pierrette, Paulette et Jacqueline, c’est vouloir se cacher derrière son petit doigt. Vous avez peur de vous lancer, et c’est bien normal.
Attention, une révélation va suivre
Mais, spoiler alert, retarder l’échéance plus que nécessaire n’enlèvera pas cette peur. Au contraire, elle va se cristalliser à cet endroit et vous ne penserez même pas à la suite de l’aventure. C’est vous, en tant qu’autrice ou auteur de votre manuscrit, qui décidez qu’il est bien comme il est. Ne pas prendre cette décision, c’est vous priver d’une nouvelle expérience et c’est manquer de considération pour la personne qui a sacrifié ses soirées et ses week-ends dans l’écriture et la relecture du manuscrit, à savoir… vous.
Sortir définitivement le manuscrit du tiroir
Bref, entre « trop » de relectures et « pas assez », l’équilibre est à trouver. Mais au fond, je pense que vous, comme moi, savez à quel moment on arrive au bout du processus d’écriture. Non, le texte n’est pas parfait (c’est impossible) ni totalement satisfaisant. Simplement, à ce niveau, on ne peut rien faire de plus et il est temps de passer à l’étape suivante, d’avancer sur le chemin de la publication. Alors, on s'y aventure ensemble ?
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